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PRÉFOU DE CLÔTURE DE L'EXPOSITION EDWIN APPS " PAS à PAS" LE 30 novembre 2019 Fontenay le Comte
Encore quelques jours pour profiter de cette exposition en hommage à mon ami Edwin APPS. Un parcours ponctué de nombreux thèmes que vous pouvez suivre pas à pas dans Fontenay le Comte jusqu'au 30 novembre : au "Boudoir de Jeanne", au "Comptoir et à l'Atelier du Tapissier" et bien sur dans mon atelier de la rue des loges.
Ce parcours nous le clôturerons avec vous et avec l'Artiste par un préfou bien de chez nous, arrosé d'un verre de l'amitié le samedi 30 novembre de 15H. à 18H.
bien cordialement
Antoine Ravez.
Antoine RAVEZ - EDWIN PAS à PAS
Fontenay le Comte: présentation de l'exposition: Edwin Apps - "PAS à PAS" - du 7 au 30 Novembre 2019 (ouvert de 15h à 18h- fermé le dimanche et le lundi) Tout savoir sur: ...
AU LE SALON DES LAURÉATS DE VOUVANT 2019
Je suis heureux de participer cette année au salon des lauréats de "Vouvant Village de Peintres" et de vous y convier.
Ce salon est ouvert chaque année aux artistes primés lors du salon Mélusine ‘Art de l’année précédente.
Pour cette manifestation, j’ai sélectionné 2 peintures Acrylique sur toile :
« Quand les amandiers refleurissent »
« Calatayud ghetto ou le berceau des cigognes»
Et une peinture à l’huile sur bois terminée spécialement pour cet événement :
« La Porte du Bonheur »
Quand les Amandiers refleurissent
Ce paysage d’Aragon peint à l’acrylique est un travail d’atelier réalisé d’après les dessins à la plume et au lavis pris au printemps sur le site Toralba de Ribota, à l’heure où les amandiers pointent leurs premières fleurs, avant que les feuillages n’envahissent les ramures.
La composition d’une toile à l’Acrylique requiert les mêmes exigences que pour une peinture à l’huile. Cependant le séchage de l’acrylique est plus rapide (quelques minutes), ce qui rend son exécution plus spontanée. En ce sens je qualifierai l’acrylique de « peinture intuitive ».
Calatayud ghetto ou le berceau des cigognes
Antoine Ravez est un peintre que nous connaissons tous, — ou plus exactement que nous pensions connaître, car ses nouvelles toiles ont changées de ton. Ce n'est pas simplement que les couleurs sont plus riches, plus affirmées, mais tout est plus riche et plus affirmé — l'hésitation, les doutes, une certain pudeur que nous avions détecté parfois dans ses œuvres, sont désormais totalement absents. Devant nous il y a un Ravez, sûr de lui, sûr de son art qui n'hésite en rien et donne l'impression que chaque touche du pinceau est inévitable et n'a pas besoin d'être questionnée, même pour une seconde, ni maintenant, ni jamais.
Puis on soupçonne que Ravez a trouvé dans ce lointain village un véritable chez-lui; une sorte d'héritage oublié, un lieu où il a découvert certaines de ses racines spirituelles. Est-ce entièrement fortuit, ces cigognes avec leur beaux becs rouges en train d'atterrir sur des vieilles pierres, vestiges d'une ancienne synagogue?
Ces nouvelles toiles pleines de surprises, et de fraîcheur incitent le spectateur à dire:" retourne vite à ton villages, ton univers mystérieux et emmène nous encore ces enchantements'".
Edwin Apps Liez 3 juin 2017
La Porte du Bonheur
Cette œuvre doit son titre à cette étoffe orientale, sorte de patchwork cousu de carrés et de losanges, que l’on suspendait autrefois au-dessus du lit nuptial .
La composition d’une peinture à l’huile me demande souvent un long temps de travail préparatoire : observation, réflexion avant le choix de son exécution.
Tout d'abord l’observation prime par le dessin. Pour le nu, la sanguine est un matériau transitoire entre le noir et le blanc et la couleur. Cette mine fait ressortir les grâces et modelés de la chair sous la lumière complice (rehauts de craie) qui crée le mouvement.
Ensuite vient la construction de la toile, sorte d’échafaudage, sans lequel toute projection est aléatoire. « Maurice Chevalier disait que pour improviser il vaut mieux bien connaître son texte».
Pour cette huile, le texte c’est la perspective, les différents plants, le parcours et l’intensité de la lumière. Enfin vient l’intuition dans le choix des couleurs…
La difficulté de l’huile réside dans le temps d’exécution : 36 heures, puis il faut patienter plusieurs semaines de séchage avant de la reprendre et la repeindre sans embu. - Commencée en 2003, j’ai laissé mûrir cette huile plusieurs années et l’ai reprise il y a peu pour ce salon des lauréats 2019 .
Bonne visite à Vouvant du 17 au 26 Mai.
Merci à l'association "Vouvant Village de Peintres"
Bien cordialement
Antoine RAVEZ . 16 05 2019
LES 4 SAISONS : LE PASTEL
Pour vous présenter ma seconde exposition du Cycle"les 4 Saisons" qui se tiendra à Fontenay le Comte, dans mon atelier du 104 rue des Loges, du 21 février au 3 Mars 2019,
j'ai choisi de vous parler du pastel.
LE PASTEL
Ah, le Pastel ! Le pastel sec bien entendu.
De par sa texture, le pastel est une suite logique au noir et blanc du fusain ou à la transition teintée de la sanguine. Le pastel c’est la couleur à l’état pur, l’arme fatale. Encore faut-il s’en servir sur un terrain adapté, un no man's land qui unifie les pensées: c’est le papier teinté chaud ou froid, déjà utilisé comme fond pour le fusain ou la sanguine .
L’un de mes vieux maître d’apprentissage le père Robin, excellent pastelliste, en nous faisant préparer ses feuilles de cartons que nous encollions à chaud d’un mélange de colle de peau et de poudre de ponce, pour l’accroche du pastel, grommelait souvent de sa voix chevrotante pour nous encourager: - « En peinture les années les plus difficiles sont les quarante premières, ensuite ce sont les plus exigeantes. »
Drôle d’époque me direz-vous mais avec le temps, à y regarder de plus près, en peinture, au pastel ou en dessin, les paroles de ce vieil acariâtre, m’ont souvent rassuré à des moments de doute ou de saturation, à cette période aussi ou la figuration n’avait pas bonne presse
Le pastel c’est l’ouverture à la couleur, et quelles couleurs!
Une gamme impressionnante de plus de 150 bâtonnets aux tonalités toutes distinctes et d’une présence intense dans leurs nuances respectives. Faciles à reconnaître lorsqu'ils sont bien rangés, au garde-à- vous comme à la parade, dans leur carré d’origine.
À les regarder ils vous font Général. Mais attendez une première bataille ou même quelques échauffourées et vous vous apercevrez qu’ils vous font très vite simple mercenaire plutôt que haut gradé.
Cette bande de séducteurs n’a de cesse de vous amadouer et quand vous les étalez sur un papier blanc immaculé ils ne se supportent pas entre eux et surtout d’être mélangés. Sans compter que certains bavent, d’autre plus incisifs glissent de vos doigts ou se rompent à la première pression.
Et pourtant, à les regarder un par un, quelle distinction! Oui c’est cela il faut les distinguer, peut-être encore plus lorsqu'ils sont exténués, poussiéreux comme de vieux grognards car, si vous les essuyez un peu ou même juste effleurez, leur œil pétille encore jusqu'à la dernière pincée et rien, ni le temps, ni le vent, ne pourra éteindre l’éclat de leur pigment. En effet Le pastel sec est à ma connaissance le seul matériau dont la couleur ne s’oxyde pas.
Portrait au pastel
Je me souviens de cette séance de pose dans ma maison du Poiré sur Velluire comme si c’était hier.
Je n’ avais pas installé Robert, juste laissé là planté debout à quelques mètres de mon chevalet derrière lequel j’apparaissais de temps en temps comme à l’affût pour capter son regard.
Au bout d’une demi-heure souriant mais inquiet il me lança:
- «Ta l’air d’un sorcier » .
je l’invitais à s’ asseoir pour faire une pose bien mérité devant un petit verre de vin puis, sans lui montrer le travail en cours, nous reprîmes la séance. Taiseux, ses yeux se demandaient…
Une vingtaine de minutes plus tard je lui posais la question:
- « Ça va Robert? »
- «Y me demande bé ce que tu boutiques derrière ton machin! »
Voilà tout était dit, pour moi comme pour lui.
Le portrait c’est la découverte d’une personne en tant que telle ; permettre de s'attacher davantage à cette personne par l’expression, le regard, le sourire ... Quoi de mieux que le pastel pour dresser un portrait avec ses teintes poudrées qui s’étalent comme le fard d’un maquillage et dévoile une singulière présence émanant d’un petit je ne sais quoi…
Apparences et traits, le portrait au pastel s'impose comme un genre psychologique, allégorique, affectif, intime, idéalisé. La volonté d'idéalisation et de réalisme reste toujours d'actualité.
Chacun d'entre nous veut apparaître en public ou sur les réseaux sociaux sous son meilleur profil.
L’ennui c’est que, pour ces dernières contraintes, je n’ai jamais voulu être portraitiste comme le fut, avec tant de patience, de brio et d’abnégation, mon grand-père André Astoul.
Je reconnais simplement un certain atavisme avec lui pour le portrait. Mais , c’est sans contrainte de commande que j’ai pu réaliser tout au long de ma vie ces portraits, avec la complicité amicale de mes précieux modèles.
Au fond le portrait est pour moi un échange de regards.
L’intensité d’émotions ressenties au premier regard posé sur le modèle me suffit.
Pose ou posture c’est là que je m’immisce pour inverser les rôles. Mon parti-pris: c’est la prééminence de la sensation sur le modèle. La difficulté c’est d’amener le modèle au lâcher- prise de son image pour se réapproprier sans tabou.
Le portrait peut rendre très sensible la personnalité intérieure du modèle par de nombreux indices comme la pose, l'expression de la physionomie, la lumière, l’environnement etc.
Si je devais résumer ce qui me guide sur le sujet c’est que, au-delà des traits, le portait est pour moi le paysage intime d’un être de chair et d ‘esprit.
Mais pour le dire au pastel, la construction prime sur la réalité, et la couleur anime cette priorité.
Pastel et couleur
Débutant il est fréquent de vouloir reproduire ce que l’œil entend, quand ce n’est pas reproduire une simple photo, mais je préfère l’ apprentissage réalisé d’après modèle, objet ou paysage. Il est plus approprié à développer l’acuité visuelle, éveiller, éclairer, libérer la créativité. À quoi bon singer ce que la photo vous a déjà produit.
Pour de nombreuses contingences matérielles, environnement sec, courant d’air, etc. Le pastel est une discipline d’intérieur qui se pratique au chevalet . D’où l’importance du dessin préparatoire, je parle ici du croquis pris sur place qui inconsciemment vous restitue les bruits, les odeurs, les énergies de toutes sortes. Ainsi, le montage de ce chapiteau est aussi le montage de multiples croquis, emprunts de sueur, de pesant, de lourdeur. Il oscille entre dessin et couleur.
L’emploi de la couleur est d’une toute autre nature. De par ses multiples vibrations interactives, la couleur atomise l’espace
La couleur se choisie selon le principe des complémentaires, ou par contraste (chaud/froid, clair/sombre). Mais attention la couleur est un euphorisant au conséquences insoupçonnées. Pour en connaitre ses effets je vous recommande « l’Art de la couleur » de Johannes Itten
La couleur est un choix. Est-ce un choix intuitif, une vue de l’esprit, une manipulation du spectateur? Peut-être un peu de tout cela. Comme un écrivain construit son texte en un raisonnement, un musicien structure sa partition en modulations. Le choix de la couleur obéit à la même soif de mettre en scène, c’est-à-dire de transcender ou transgresser une réalité en fiction, avec des règles propres à ses vibrations.
J’ai mis du temps pour arriver à la couleur et le fil conducteur de mes investigations a souvent été le parcours coloré de la lumière. Bientôt, l’onctuosité de ces craies pommadées sur ces fonds teintés, bien que séduisante, ne me suffisait plus. J’avais l’impression de dessiner en couleur plus que de travailler la couleur. Il me fallait sortir de cette hypnose, sortir de mon propre berceau et oser d’autres chemins, d’autres éclairages, plus intuitifs, d’autres univers plus contemporains
Voyager, sortir de la routine, se replonger dans l’inconfort de la découverte… et puis réinventer sans savoir-faire. C’est alors qu’au pastel la couleur prit le pas. Il ne s'agissait plus de remplir adroitement les vides de la feuille mais de faire vibrer ces fonds et chanter, tinter, tintinnabuler ces pépites de couleurs, de vert, d’ocre, d’oranger, de bleu, de nacre... entre elles.
Me réapproprier mes premières pulsions, celles du temps où je ne savais pas si c’était bien, si c’était mal. Comprenne qui pourra, ce fut mon cri, ce fut ma joie. J’ouvrais les portes d’un autre univers avec les clefs d’un autre regard, confié autrefois par ce peintre bienveillant - « regarde, observe les scènes, les paysages il y a tout dedans, tu n’as plus qu’à te servir mais attention, c’est à toi de dire. ».
Il faut du temps pour assimiler. Parfois c’est l’impromptu qui vous révèle enfin le sens de ce que vous cherchiez. Un peu comme si vous fouilliez partout pour trouver votre chapeau alors qu’il est vissé sur votre tête.
Oui, Henry Simon fut un père pour moi: en peinture, comme au pastel.
Ses encouragements sur mon travail au cours de nos différentes rencontres dans son atelier durant les années 1970, m’épanouirent sereinement. Il n'avait de cesse par ses conseils de me confier des clefs. Clefs dont je découvrais petit à petit et parfois des années plus tard, les serrures. Cet homme profond et d’une grande sensibilité avait le don de l’exigence attentive quand il ouvrait mes cartons. Il s’intéressait au sujet et m’interrogeait sur mes choix, ma motivation et commentait: - « oui c’est intéressant » - « là Ce n’est pas toi » - « ici ne perd pas ton temps, tu vaux beaucoup mieux que ça » - « voilà tu y arrives »… puis, en refermant mes cartons il m’invitait dans sa salle à manger où Monique sa femme nous attendait une tarte à la main.
J’ai naturellement fait mien son goût du paysage habité et principalement celui de ses habitants. Mais je crois avant tout qu’ Henry Simon m’a transmis cette clef essentielle: "le goût de l’autre" et que la serrure qui ouvre l’esprit est en nous.
Carnaval
D’où vient cette sensation d’espace, de bruit, de mouvement, dans mon travail, je ne peux l’expliquer si ce n’est, en règle générale, mon immersion physique dans le sujet.
le carnaval a tout changé dans ma façon d’appréhender la couleur…
Immergé dans cette frénésie, l'œil prend le dessus, la main croque çà et là des masses globales, des silhouettes sans logique, des points qui regardent, des virgules qui sourient
J'enregistre dans ma tête ce ballet qui défile, note les couleurs qui saturent ma rétine. Pas de temps, c'est fini... et j'aurai beau shooter des dizaines de photos rien ne pourra mieux dire ce que mes yeux ont pris, ce que mon dessin a écrit.
Trop myope, incapable de reconnaître tel ou tel dans la foule, immergé dans l’action, je sais que mon œil sélectionne et grave les couleurs de mes ressentis.
Devant mon chevalet, grâce à ces "rimajures" prises à la volée, je me refais le film... S’installe alors un contre-chant qui réinvente l’espace, ponctué de lumière, de teintes improbables, c’est alors qu’intervient le choix de la couleur, transcription arbitraire d’instants saturés, mais justesse illusoire d’une fiction reconstruite
Coloriste, Valoriste, qui suis-je vraiment ?
Un vagabond sans doute. Un « courlandin » qui aura beau rabâcher les préceptes les plus subtils de Johannes Itten, les théories de grands talents d’André Lhote; face à cette croqueuse de cerise qu'y puis-je ?
C’est l’émotion ressentie au premier regard qui m’anime, le nez au vent.
Bien Cordialement
Antoine RAVEZ 06.02.2019
A vous revoir dans cette exposition prochaine...
Antoine RAVEZ les 4 saisons l'Hiver Pastel
Exposition Pastel dans la série les 4 saisons "L'atelier d'Antoine" 104 rue des loges mais également au "Boudoir de Jeanne" à Fontenay le Comte Vendée A le Pastel ! Le pastel sec bien entendu ...
"L'AUTOMNE" FUSAIN SANGUINE
Fusain / Sanguine
Enfant, j’avais l’habitude de griffonner avec un crayon de bois sur tout ce qui traînait autour de moi: les boites en carton, les papiers de soie des patrons de couture de ma mère, parfois même, grande exception, sur les feuilles blanches aux enseignes de lettres d’entreprises que me donnait mon père. Je m’appliquais alors, tirant la langue et suçant le bout de mon crayon pour me donner de l’importance.
Plus tard, ayant dompté les rébellions de mon crayon sur ces différents supports: la mine qui, sur un trait trop appuyé, se plante comme une fléchette dans le carton ondulé, ou celle qui lacère le papier de soie à force de passer et repasser pour noircir le trait, «Petit Jean» comme l’appelait ma mère, peintre de son état, me livra son premier secret, alors que nous étions installés devant la grande cheminée à planter nos fourchettes dans des tartines de pain de quatre pour faire des grillées.
- « Toi qui aime bien dessiner tu peux aussi le faire avec le charbon de bois de la cheminée. »
Stupéfait je m’écriai -« mais il va brûler le papier! »
Il partit dans un éclat de rire qui lui fit perdre sa pipe. Puis il m’offrit une grande feuille de papier cartonné qu’il alla puisé dans sa voiture une vieille 2 CV.
- « Du Canson, me dit il, tu essaieras quand le feu sera mort avec un petit charbon de bois. »
Je pris la feuille comme le saint sacrement en priant Dieu que le feu s’éteigne au plus vite pour récupérer ce Graal qu’il appelait Fusain.
Le lendemain, je courus vers la cheminée avant que ma mère ne la rallume pour récupérer quelques sarments de ce bois précieux, noir, poussiéreux et crasseux.. J ’avalai mon bol de chocolat et grimpai quatre à quatre les escaliers qui montent à mon antre: le grenier, je devrais dire à mon atelier puisque brandissant ce Graal conseillé par le Peintre, n’étais-je devenu, moi-même à cet instant, peintre...
Je me précipitai vers la petite table où j’avais la veille, cérémonieusement étalé la belle feuille de canson immaculée de promesse. À peine installé, avant même de commencer ce qui, étant donnée la dimension de la feuille, m’était promis comme une grande œuvre, en quelques secondes le monde bascula. J’en avais plein les doigts et la feuille était salie, maculée de mes empreintes noirâtres.
Dépité, j’en venais à me demander pourquoi dessiner avec un fusain alors que je le faisais très bien au crayon de bois. Même ma gomme se refusait à ces salissures…
L’après midi de ce désastre planté là sans suite, le Peintre Jean Bouron, (sans doute informé par ma mère de mon désarroi) débarqua à l’heure du goûter. Assis devant la cheminée, il tirait sur sa pipe en m’observant gravement, mais ses yeux disaient le contraire.
-« Maïté, ta mère, m’a dit que tu avais un atelier, j’aimerais bien le visiter »...
A peine entré, il considéra la pièce d’un regard circulaire et s’avança vers la table qui trônait au centre comme un autel. Il l’empoigna et l’amena sous un galoubier qui donnait sur le toit à l’arrière de la maison.
- « Là, c’est ici qu’il faut que tu travailles coté nord, nord-est, la lumière est meilleure. Pour ta feuille, ce n’est pas grave. Va me chercher de la mie de pain fraîche et 2 pinces à linge »...
À mon retour, il fit une boulette de la mie qu’il frotta sur la feuille et, miraculeusement, les taches s’évanouirent. Puis il épingla la feuille sur un morceau d’isorel qu’il avait déniché dans le fatras du grenier et posa le tout contre le dossier d’une chaise. — « Voilà ton chevalet me dit il, c’est pratique comme ça le fusain qui s’effrite ne reste pas sur la feuille. » ...
C’est peut être pour cela que j’ai longtemps considéré le fusain comme une discipline de chevalet. La position verticale oblige à une prise en main à distance de la pointe du fusain. Elle facilite l’ampleur du geste, avec une vision du travail plus globale ou l’on appréhende la forme et ses masses qu’elles soient abstraites ou figuratives. Esquisser une toile au fusain révèle souvent pour le peintre tant d’espérance. Cependant, avant de monter les couleurs, je conseillerais de passer la toile sous la douche afin que les résidus de fusain ne salissent pas les pigments et que la peinture prenne le pas sur le dessin.
Lorsque je me cantonne au dessin sur papier, cette grosse mine friable offre la possibilité de multiples dégradés que je me garde d’estomper pour conserver la nervosité du trait. Sans oublier cette mine insoupçonnable que m’a fait découvrir plus tard le Peintre Henry Simon: la GOMME, pour dessiner et vivifier les gris.
J’aime entendre le crissement de la trace du fusain sur le grain du papier, le frottis soyeux de l’estompe , ou le craquement surprenant d’une mine rompue, d’où jaillissent maladroits des points de suspension; empreintes fougueuses d’un trait terrassé … La tension fragile du trait est pour moi une jubilation suffisante qui peut se passer de hachures ou d’estompe. Et même si le noir du fusain n’a pas l’intensité de cette mine plus grasse qu’offre la pierre noire, il puise son énergie dans la tension du trait.
La Sanguine, pour moi, est un matériau transitoire entre le noir et blanc et la couleur. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’abordai ce nouvel outil . Après les plâtres antiques, les constructions de natures mortes , la perspective, vint l’éveil à d’autres paysages: « le modèle vivant » et son lot d’émotions juvéniles ou cette mine, de rien fait ressortir les grâces de la chair sous la lumière complice (rehauts de craie) qui crée le mouvement.
De ces deux disciplines le fusain ou la sanguine je n’éprouve pas de préférence, chacune a sa personnalité mais si vous aimez le « sucré salé », l’alliance fusain sanguine apporte une dynamique plus caustique, plus poivrée à l’ouvrage .
Pour cette première exposition dans mon atelier: « Fusain / Sanguine » du cycle « les 4 Saisons » à laquelle je vous convie, du 22 novembre au 2 décembre 2018, Je vous souhaite une bonne visite et bon appétit ...
Bien Cordialement.
Antoine RAVEZ. 09 11 2018
les 4 saisons l'Automne Fusain Sanguine
Sur le thème " Les 4 Saison" Antoine RAVEZ présente dans son atelier: Exposition N°I : Fusain Sanguine du 22 Novembre au 2 Décembre 2018 104 rue des Loges 85200 Fontenay le Comte
Revue de presse
" LES 4 SAISONS "
« Les 4 Saisons »
Pour répondre à cette observation récurrente que certains visiteurs me font en entrant pour la première fois dans mon atelier: - « Vous avez plusieurs styles ! ».
J’objecte souvent par cette formule: - « Pensez vous qu’un cuisinier ne fasse qu’un seul plat ? »…
Probablement que le métier de peintre est un peu celui d’un cuisinier.
Ainsi m’est venue l’idée de vous présenter mes différentes tambouilles de peintre à travers un cycle d’expositions trimestrielles sous le label « Les 4 Saisons »
Chacune de ces expositions sera consacrée aux matériaux principaux que j’utilise :
l'Automne - novembre 2018 « Fusain - Sanguine »
l'Hiver - février 2019 « Pastel »
le Printemps - avril 2019 « Lavis et Aquarelle»
l'Été - Juin 2019 « Huile et Acrylique »
Prochainement
L' AUTOMNE
Fusain - Sanguine
du 22 novembre au 2 décembre 2018
Pour cette première exposition consacrée au Fusain et à la Sanguine, Je vous donne rendez-vous dans mon atelier (104 de la rue des loges 85200 Fontenay le Comte) et à bien vite sur le blog pour la présentation de cette rencontre...
Bien Cordialement
Antoine RAVEZ 22.10.2018
7 / CÔTE VENDEENNE " La Pointe du Payré "
C’est un endroit cosmique en suspension entre ciel, terre et marée,
où l’ombre et la lumière se titillent à chaque instant.
C’est un pays d’atmosphères , un ailleurs hors du temps,
où l’éphémère n’a pas de prise ou l’éternel est en instable mouvement.
C’est un lieu d’abstraction ou l’incertitude s’offre en abandon.
C’est un herbier surprenant, un bestiaire déconcertant, où le vent, le soleil, les embruns façonnent le paysage, le rendant friable, comme le sablier ronge le temps.
C’est un pays qui parfois, aux tempêtes, se réveille comme un volcan.
C’est un croisement de bonjours, hérissé de palissades, aujourd’hui et pour combien de temps, muant les bois, la lande, les falaises en une réserve de passants .